Réflexions sur la table ronde des PEM

En avril 2020, l’AMC a réuni un groupe de professionnels émergents des musées pour discuter de l’évolution des musées tant à court qu’à long terme, dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Nous avons demandé à certains des participants à la session de revenir sur leurs échanges et de faire d’autres commentaires sur les sujets abordés, d’indiquer comment leurs approches ont changé et se sont adaptées depuis cette réunion, et ce qu’ils pourraient recommander pour d’autres PEM.

Lorenda Calvert

L ors de la table ronde des PEM organisée par l’AMC, au printemps 2020, nous avons parlé de quelques mois d’une époque sans précédent où nous nous adaptions à une nouvelle normalité. Nous avons discuté de la longévité de la programmation numérique et de nos espoirs de réouverture. Maintenant, 16 mois après notre discussion, cette période sans précédent n’a toujours pas pris fin, ce qui soulève la question de savoir si nous reviendrons jamais, ou même si cela est souhaitable, à l’époque antérieure à la COVID-19, qui, elle, avait des précédents.

Lors de la table ronde des PEM organisée par l’AMC, au printemps 2020, nous avons parlé de quelques mois d’une époque sans précédent où nous nous adaptions à une nouvelle normalité. Nous avons discuté de la longévité de la programmation numérique et de nos espoirs de réouverture. Maintenant, 16 mois après notre discussion, cette période sans précédent n’a toujours pas pris fin, ce qui soulève la question de savoir si nous reviendrons jamais, ou même si cela est souhaitable, à l’époque antérieure à la COVID-19, qui, elle, avait des précédents.

Pour certains musées, ce qui était au départ une fermeture volontaire pour la santé et la sécurité de la collectivité, des bénévoles et du personnel s’est mué en une fermeture permanente quand les défis posés par la pandémie sont devenus insurmontables. En ce qui concerne le personnel congédié, certains ont retrouvé leur ancien poste ou trouvé un nouvel emploi, d’autres ont quitté la population active pour retourner aux études, et d’autres encore ont quitté le secteur. Deux promotions sortantes d’étudiants en études muséales sont entrées dans notre secteur depuis le début de la pandémie. Arriver dans un domaine où règnent bouleversement et incertitude peut être accablant, désorientant et décourageant.

Bien que cette période puisse être difficile pour les travailleurs des musées, j’encourage les professionnels émergents de notre domaine à être conscients des possibilités qu’offrent les bouleversements causés par la COVID-19. Nous pouvons nous pencher sur nos établissements et, au lieu de nous contenter d’apporter des petits changements, nous pouvons profiter de cette crise pour effectuer les changements importants qui s’imposaient depuis longtemps. Il nous faut résoudre le problème de la disparité entre les auxiliaires et les employés à plein temps, et envisager des salaires et des avantages sociaux équitables, et des heures de travail plus flexibles. Nous pouvons défendre ces causes importantes et contribuer à changer les conditions de travail du secteur muséal pour en faire un domaine plus durable pour nous-mêmes et les générations futures. C’est maintenant le moment idéal pour nous attaquer au problème de la construction coloniale de notre industrie et aux dommages causés par notre domaine. Par exemple, les 16 derniers mois ont permis à certaines organisations de gagner de l’espace et du temps, grâce à l’absence de l’agitation habituelle quand elles sont ouvertes au public, et ainsi de commencer à lancer et consolider leurs actions de réconciliation et de rapatriement. Nous en profiterons tous si nous commençons à changer pour le mieux, et la pandémie nous procure une occasion unique d’effectuer ce travail. Avec une nouvelle normalité, nous avons la possibilité de définir ce qui est normal.

Les PEM sont appelés à attirer l’attention sur ces questions parce que nous sommes l’avenir de notre secteur; nous allons hériter de tous les changements qui se produisent, et nous devons donc jouer un rôle important pour prôner des changements positifs. Nous ne devrions pas laisser nos pratiques passées établir un précédent alors que nous allons de l’avant. M

Lorenda Calvert est coordonnatrice des programmes à la BC Museums Association et elle favorise avec passion l’établissement de liens entre étudiants, groupes communautaires, éducateurs informels et le public.community groups, informal educators and the public.

Ben Fast

S’il faut choisir un terme pour décrire l’expérience vécue en cette période de pandémie de la COVID-19 par les professionnels émergents des musées (PEM), ce serait « décousu ». Dans un secteur qui met fortement l’accent sur l’expérience, tout en s’appuyant sur le travail occasionnel, saisonnier ou bénévole, les PEM — qui occupent souvent des postes de première ligne et de premier échelon — ont vu leur carrière stagner alors qu’elle aurait pu progresser. Les Musées subissent un préjudice beaucoup plus important si les PEM quittent le secteur ou n’y reviennent pas.

S’il faut choisir un terme pour décrire l’expérience vécue en cette période de pandémie de la COVID-19 par les professionnels émergents des musées (PEM), ce serait « décousu ». Dans un secteur qui met fortement l’accent sur l’expérience, tout en s’appuyant sur le travail occasionnel, saisonnier ou bénévole, les PEM — qui occupent souvent des postes de première ligne et de premier échelon — ont vu leur carrière stagner alors qu’elle aurait pu progresser. Les Musées subissent un préjudice beaucoup plus important si les PEM quittent le secteur ou n’y reviennent pas.

Une étude sur les membres de l’Alberta Museums Association (AMA) a démontré que ce sont les PEM qui ont été le plus touchés par l’incidence sur l’emploi de la COVID, constituant 47 % de ceux et celles qui ont perdu le leur. Alors que j’animais les programmes d’apprentissage et de perfectionnement professionnel en 2020, j’ai entendu de la part de beaucoup de PEM qui ont vécu cette année décousue à cause de licenciements temporaires, de nouvelles orientations dans leur parcours muséal, ou même de nouveaux emplois hors du secteur. Ceux qui ont conservé leur poste en ont attribué le mérite aux musées qui ont donné priorité à la conservation du personnel employé au long de multiples confinements, ce qui était essentiel pour qu’ils restent dans le secteur. Les participants au programme ont souligné la souplesse caractérisant les PEM : ils ont trouvé de nouveaux moyens de continuer à apprendre, d’acquérir de l’expérience, d’établir des liens et d’élaborer des plans de carrière. Motivés par leur engagement envers le secteur et passionnés par leur travail, les PEM avec lesquels j’ai eu des liens ont continué de progresser du mieux qu’ils pouvaient.

C’est là désormais un problème essentiel pour les PEM, et pour le secteur. La COVID-19 a mis en évidence le rôle central que jouent les PEM pour que les musées continuent de fonctionner, mais également l’instabilité de leurs postes dans le secteur. Lorsque la COVID-19 sera chose du passé, les PEM se rendront compte que leur passion et leur dévouement ne suffisent pas pour survivre dans le secteur. Doivent s’y ajouter de meilleurs salaires et avantages sociaux, une plus grande stabilité et un travail flexible. Si l’on n’y prend garde, le secteur pourrait bien ressentir les effets d’investissements insuffisants dans les PEM.

La COVID-19 n’a pas instantanément produit les changements systémiques fondamentaux dans les conditions de travail qu’avait suggérés la table ronde d’avril 2020 organisée par l’AMC, mais cette prise de conscience peut amener le secteur à repenser ses structures d’emploi. Cette mutation pourrait avoir une incidence importante sur la façon dont certains musées fonctionnent, étant donné qu’ils se fient actuellement pour survivre au financement des étudiants et aux emplois précaires à court terme.

J’espère que les PEM qui ont connu la nature décousue de la COVID-19 resteront dans le secteur, et qu’ils utiliseront cette expérience de leaders dans le domaine pour créer des effectifs plus durables et plus sûrs tout à fait préparés et soutenus, pour affronter les bouleversements et incertitudes en cours tels que le changement climatique et la réconciliation. Le secteur muséal canadien ferait bien de prioriser les PEM afin d’assurer l’avenir professionnel du secteur. M

Ben Fast est un explorateur culturel qui aime aussi le kayak, les voyages et jouer de la musique. Il a travaillé dans des musées de Colombie-Britannique, du Yukon, d’Alberta et de France. Au moment d’écrire ce texte, Ben Fast était responsable de programme à l’Alberta Museums Association. Il est récemment retourné étudier en Colombie-Britannique pour devenir enseignant.

Kyle Hanna

Tandis que les professionnels et le secteur des musées se penchent sur les problèmes auxquels ils ont été confrontés l’an passé, je me suis souvent remémoré la citation de ma journaliste préférée, Marion Winik : « Le chemin n’est jamais droit. »

Mon parcours ne s’est pas fait en ligne droite, y compris pendant la pandémie de COVID-19. Je suis tombé pour la première fois sur la citation de Marion Winik il y a environ sept ans. Depuis, ma carrière m’a mené partout au Canada, et pas seulement dans le secteur des musées. Beaucoup pourraient considérer que ma trajectoire est pleine de revirements. Pour moi, c’est plutôt comme de traverser un ruisseau, sautant d’une pierre à l’autre, jamais en ligne droite. J’aimerais donc vous donner quelques conseils qui m’ont aidé dans mon parcours et qui sont particulièrement utiles en cette époque de changements, et pourraient vous aider ainsi que les professionnels de musée en début de carrière que vous connaissez.

Polyvalence des compétences : j’encourage tous les PEM à prendre en compte l’ensemble de leurs compétences, car il y a habituellement beaucoup de potentiel caché. Lorsque j’ai posé ma candidature pour le poste d’interprète au Canmore Museum, j’ai fait valoir que les compétences acquises auparavant dans différents emplois dans le secteur des services seraient un atout dans mes contacts avec le public et donc pour le rôle d’interprète.

Ne dédaignez pas les « autres tâches au besoin» : quel que soit le poste, il y a des tâches qui ne font pas partie de la description de poste : certains considèrent ces tâches comme un pensum, mais elles peuvent s’avérer une excellente occasion d’acquérir des compétences polyvalentes. Lorsque j’étais à l’emploi de l’AMC, on m’a intégré à l’équipe d’évaluation des procédures internes. J’ai ultérieurement fait valoir cette expérience essentielle lorsque j’ai posé ma candidature pour mon emploi actuel.

Pensez stratégie : la stratégie est importante. Il est essentiel d’établir des priorités et de ne pas accepter un travail dans lequel vous ne vous sentez pas à l’aise. Mettez l’accent sur les compétences que vous souhaitez perfectionner. Par exemple, je voulais vraiment améliorer mes compétences en analyse des données. Par conséquent, lorsque j’étais à l’emploi de l’AMC je me suis joint à l’équipe chargée du traitement des données et j’ai cherché comment intégrer les données à mon travail.

En jetant un regard rétrospectif sur la table ronde des PEM d’avril 2020, j’ai réfléchi au parcours non linéaire emprunté dernièrement par le secteur des musées. Bien que nous aspirions tous à un « retour à la normalité », je crois qu’il est tout aussi important de nous préparer aux chocs que nous réserve inévitablement l’avenir. Pour les PEM, cela signifie de prendre conscience qu’il vous est possible de réaliser davantage avec les compétences que vous possédez. Pour l’industrie des musées, je crois que cela signifie d’être souple et stratégique dans son fonctionnement et d’investir dans le perfectionnement d’employés possédant des compétences uniques. En réalité, je ne sais pas ce que nous réserve le chemin qui nous attend. Je sais seulement qu’il ne sera pas droit. Et c’est peut-être justement ce dont nous avons besoin. M

Kyle Hannaa travaillé pendant quatre ans dans le secteur des musées et plus récemment comme agent de programme à l’AMC. Il est actuellement vérificateur interne à la Commission canadienne de sûreté nucléaire.

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