Le point sur le Programme de réconciliation

SM Leduc

Le Programme de réconciliation de l’Association des musées canadiens (AMC) constitue une réponse à l’appel à l’action no 67 lancé par la Commission de vérité et réconciliation du Canada : « Nous demandons au gouvernement fédéral de fournir des fonds à l’Association des musées canadiens pour entreprendre, en collaboration avec les peuples autochtones, un examen national des politiques et des pratiques exemplaires des musées, et ce, dans le but de déterminer le degré de conformité avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et de formuler des recommandations connexes. »

L’AMC travaille en étroite collaboration avec son Conseil de la réconciliation et d’autres parties prenantes à travers le pays pour recueillir des commentaires, cerner les enjeux clés et, à terme, produire et diffuser à l’automne 2021 un rapport de recommandations et des outils d’apprentissage privilégiant l’inclusion et la représentation des communautés autochtones dans les musées et les centres culturels.

Le Programme de réconciliation de l’AMC est rendu possible grâce au financement du gouvernement du Canada.

 

Le numéro de novembre-décembre 2019 de Muse a donné un aperçu du programme pour marquer le lancement d’un sondage en ligne national sur la réconciliation. L’AMC a mené ce sondage de novembre 2019 à janvier 2020 afin d’apprendre comment les musées et les institutions connexes abordent et représentent l’histoire, la culture et les biens des Autochtones et de connaître leurs politiques et leurs pratiques entourant les collections autochtones. Le sondage touchait également la façon dont les musées collaborent avec les communautés, les principales difficultés qu’ils peuvent rencontrer ainsi que les grandes questions qu’ils pourraient avoir au sujet des relations avec les Autochtones et de la représentation de ces derniers.

 

Ce que nous avons entendu

Le sondage, mené auprès d’institutions autochtones et non autochtones, a permis d’obtenir de l’information sur un large éventail de sujets : prise de conscience, planification stratégique, gestion et renforcement des capacités. Nous vous donnons ci-après un aperçu de ce que nous avons entendu.

Nombre de répondants ont fait état des approches et des changements positifs engendrés par la collaboration, notamment l’établissement de relations dynamiques et de partenariats avec des communautés locales qui les ont obligés à faire preuve d’innovation et d’originalité dans leurs façons de procéder. Plusieurs répondants ont raconté comment ces interactions leur avaient fait prendre davantage conscience de ce que l’on pourrait considérer comme l’histoire passée sous silence. Ils ont expliqué que le fait de connaître et de comprendre cette réalité avait eu une incidence sur leur planification stratégique et sur les examens internes de leurs politiques et de leurs procédures.

Les répondants ont particulièrement cité deux principaux enjeux rencontrés dans leurs activités axées sur la réconciliation :

Manque de financement

Nombre de répondants ont affirmé avoir l’impression que le financement et les ressources limitées dont ils disposent les empêchent d’apporter les changements durables à long terme à la façon dont le patrimoine autochtone est mis en valeur dans leur institution. Selon un d’entre eux : « le manque de financement constitue le plus grand obstacle auquel fait face notre institution. En effet, le travail accompli en collaboration avec les communautés autochtones repose sur des projets ponctuels. Il n’a aucun caractère permanent. »

Le représentant d’un autre musée a expliqué : « le public s’attend à ce que nous soyons les autorités sur le sujet, ce qui n’est toutefois pas le cas. Et les ressources ne sont pas disponible. »

Des répondants ont aussi fait état, plus précisément, du manque de fonds pour les postes de dépenses comme la rétribution des Aînés ou les frais de déplacement et autres dépenses à prendre en charge quand leur institution invite des experts de la communauté pour obtenir de l’aide afin d’identifier des biens autochtones dans ses collections.

Établissement de relations

Les appréhensions éprouvées quant à la manière d’aborder les experts autochtones et les membres des communautés, notamment en raison d’une mauvaise compréhension des protocoles culturels, constituent un sujet de préoccupation pour de nombreux répondants non autochtones. Les représentants de plusieurs musées ont souligné l’effet d’entraînement de l’augmentation de la demande d’initiatives de réconciliation, de savoir autochtone et d’établissement de partenariats avec les Autochtones. Cette demande accrue soumet les communautés autochtones et les entités ou centres culturels à des tensions et à des difficultés considérables. Des répondants représentant des institutions autochtones partageaient cette préoccupation. Ils ont formulé des commentaires similaires et signalé leur capacité limitée de participer véritablement aux initiatives de réconciliation.

Outre les préoccupations concernant leur participation, les représentants d’institutions autochtones ont fait mention de certains obstacles supplémentaires qui freinent les progrès, par exemple les mentalités colonialistes et le manque de considérations linguistiques. Certains ont fait remarquer que les musées non autochtones déterminent souvent leur mode de fonctionnement et leur approche en matière de partenariats en utilisant des cadres qui n’incluent pas et ne reflètent pas les visions autochtones du monde.

Il s’agit notamment de choses simples que les personnes et les institutions non autochtones tiennent pour acquises, par exemple la langue. Puisque la revitalisation des langues autochtones joue un rôle de plus en plus important dans la politique culturelle, les représentants de certaines institutions ont fait valoir que, bien souvent, les formulaires, les bases de données ou les documents ne sont pas compatibles avec l’écriture syllabique ou encore que cette écriture ne soit pas offerte comme option pour l’utilisation de ce matériel. Les Autochtones doivent donc s’en remettre à la romanisation des noms de lieux et des noms propres.

Néanmoins, les représentants de toutes les institutions ont mis en relief l’incidence positive d’une véritable mobilisation des communautés. Un répondant a souligné : « la forte intégration des membres des Premières Nations, des Métis et des résidents non autochtones dans la zone desservie par son musée de sort que nous ne considérons pas les interactions entre les communautés comme étant problématiques, mais plutôt comme offrant des possibilités d’échanges culturels. »

Prochaines étapes

Le sondage visait à analyser partout au pays la conjoncture des institutions qui s’efforcent de collaborer de façon plus réfléchie avec les peuples et les communautés autochtones. Pour mieux situer dans leur contexte les réponses au sondage, l’AMC s’est associée avec des organisations culturelles autochtones et des collègues d’associations de musées provinciales et territoriales afin qu’ils l’aident à déterminer les lieux d’intérêt et les personnes auxquelles il conviendra de s’adresser au moment d’amorcer la prochaine étape de ce programme.

Au cours des mois à venir, l’AMC tiendra des activités dans l’ensemble du pays, notamment des visites sur le terrain. En plus de demander conseil à des Aînés et à des gardiens du savoir culturel, nous interrogerons des dirigeants de musée, organiserons des cercles de discussion ainsi que des tables rondes et consulterons des professionnels des musées à la retraite.

Nous tenons à remercier sincèrement les institutions qui ont participé au sondage et les personnes qui manifestent déjà leur appui à ce travail. Dans un esprit d’inclusion, nous espérons pouvoir compter sur votre opinion si nous vous invitons à vous exprimer en tant que professionnels des musées.

 


Vous n’avez pas eu l’occasion de répondre au sondage, mais vous aimeriez discuter de certaines difficultés que rencontre votre institution ou nous faire connaître les mesures prises par votre musée en faveur de la réconciliation? Vous pouvez envoyer un courriel à SM Leduc ( smleduc@musees.ca), muséologue de la réconciliation à l’AMC.

Pour en savoir plus sur le Programme de réconciliation de l’AMC, allez à www.musees.ca/site/reconciliation. Vous pouvez également prendre connaissance de nos mises à jour régulières dans les prochains numéros de Muse et les Nouvelles de l’AMC.

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