Mise à jour sur la réconciliation

Stephanie Danyluk

Comme l’a dit l’artiste Adrian Stimson dans l’entrevue pour le présent numéro de MUSE : « Il faut réinventer la réconciliation au fur et à mesure qu’elle progresse ». Au cours de nos séances de discussion avec des partenaires autochtones et des musées, l’une des réflexions critiques que nous avons entendues concerne la définition même de la notion de réconciliation, et ce qu’elle signifie pour les peuples autochtones. Par ailleurs, nous recevons aussi des questions sur son utilité en tant que cadre de référence pour aller de l’avant.

Dans les langues autochtones, le mot « réconciliation » possède des significations différentes qui vont bien au-delà d’un état de trêve entre les parties. C’est un mot relationnel, actif, dont la définition varie selon les cultures : en Tsilhqot’in, on dit Guzun nagughultsilh qe/at’in ou Guzun jid /elhts’en /anaghut’in, ce qui signifie « travaillons ensemble en toute équité / dans le bon sens / de manière honnête », alors qu’en anishinaabe, Gwayakochigewin signifie « bien faire les choses ». En Kanienʼkehá:ka (Mohawk), Skén:nen ensewá:ton tsi na’tehóntere veut dire « la paix/tranquillité réapparaîtra entre eux »; en Michif, Kwayesh aytootamihk signifie « bien faire les choses »; en inuktitut, ᐃᑲᔪᖅᑎᒌᒃᑲᓐᓂᕆᐊᕐᓂᖅ équivaut à « nous devons nous soutenir mutuellement d’une meilleure façon »; en Innu-Aimun, Minu-uitsheutun veut dire « être amical ou devenir amical »; en Denesuline, Ëłtth’ı́ halyé há signifie « corriger la situation »; et en cri, katawa itascikewin / katawa tptatowin / peyakwan isi pamihitowin équivaut à « remettre les choses / en place / se respecter les uns les autres ».

La réconciliation est un processus : ce n’est pas un état auquel on peut parvenir ou un travail que l’on peut achever. Mais ce n’est pas non plus la mesure du succès.

Comme indiqué dans l’appel à l’action no 67 de la CVR, l’examen national des politiques et des pratiques exemplaires des musées vise à mesurer leur niveau de conformité à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) et à formuler des recommandations à l’aide du cadre de la DNUDPA.

Le fait de prendre la DNUDPA comme outil de mesure signifie aller au-delà de la réconciliation et placer l’autodétermination au centre de ce travail. Les organisations et les partenaires autochtones nous disent que c’est l’objectif qu’ils poursuivent, et celui que les musées devraient soutenir.

Nous travaillons avec toute l’énergie possible aux côtés de notre Conseil de réconciliation et d’autres partenaires pour terminer le travail de mobilisation qui orientera le rapport et les recommandations de l’AMC pour l’automne 2022. Le rapport sera accompagné d’une boîte à outils et d’un outil d’évaluation de la DNUDPA pour renforcer l’autodétermination des institutions autochtones et aider les musées à évaluer leur conformité aux principes de la DNUDPA.

Au cours des derniers mois, nous avons concentré nos efforts sur l’établissement de liens avec des experts et des organisations autochtones. Cela s’est fait au moyen de nouvelles séances de discussion organisées partout au pays, y compris avec le Western Development Museum et ses partenaires cris et dakotas, la Première Nation de Lennox Island, le Musée des Abénakis, l’Institut culturel Avataq, Heritage Yukon, et d’autres encore. Nous menons également des entrevues pour mieux comprendre les enjeux identifiés lors de nos séances de discussion de groupe. Enfin, nous demandons aux musées et aux institutions culturelles de nous faire parvenir des observations écrites sur leurs politiques actuelles et leurs pratiques exemplaires en matière de réconciliation et d’autodétermination.

Au cours des prochains mois, nous passerons de l’étape de la collecte d’informations à celle de la rédaction de rapports, tout en cultivant les relations qui ont été établies grâce à ce processus, de façon à les maintenir dans l’avenir. La réconciliation, ça peut vouloir dire l’ensemble des mesures qui nous permettent de nous unir pour favoriser l’autodétermination dans les espaces muséologiques. M

Stephanie Danyluk est gestionnaire de la réconciliation à l’AMC. Elle soutient le travail visant à répondre à l’appel à l’action no 67 de la CVR et à promouvoir l’autodétermination autochtone dans les musées et les espaces patrimoniaux.

L’obtention des traductions en langues autochtones est le fruit du travail de Barbara Filion, ancienne directrice de la réconciliation de l’AMC.

Le Programme de réconciliation de l’AMC est financé par le gouvernement du Canada, par l’entremise du Programme d’aide aux musées. Pour consulter les mises à jour antérieures, obtenir la documentation du programme ou pour soumettre des commentaires sur le programme, veuillez visiter le https://www.museums.ca/site/reconciliation.

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