La conférence  Les musées ensemble souligne les défis et les possibilités de collaboration et de croissance future 

Les derniers mois ont incontestablement été une période difficile pour le secteur des musées canadiens et des institutions à travers le pays ont fermé leurs portes aux visiteurs et transféré certaines activités en ligne. La création de liens, le partage d’idées et la collaboration sont plus importants que jamais.

Dans cet esprit, et étant donné que nous ne pouvions pas aller de l’avant avec notre congrès national à Montréal ce printemps, l’AMC a tenu sa toute première conférence virtuelle, Les musées ensemble, le 16 avril.

La conférence était gratuite et ouverte à tous. Nous devons l’avouer, de petits problèmes techniques ont surgi au départ, mais ils ont rapidement été réglés. La conférence a été suivie de l’assemblée générale annuelle de l’AMC en ligne, pour les membres seulement.

Les musées ensemble a accueilli un vaste éventail de conférenciers, provenant de nos organisations provinciales et territoriales sœurs; d’autres associations du secteur comme celles représentant les centres scientifiques, les musées d’histoire naturelle, les zoo et les aquariums; et même l’honorable Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien.

Les participants nous ont partagé énormément de commentaires positifs. Ils ont aimé que nous ayons proposé cet événement en ligne et, en particulier, le contenu offert. Dans cet article, nous vous présentons quelques faits saillants.

Coup d’envoi de la conférence

Madame Vanda Vitali, directrice générale de l’AMC, a inauguré la conférence virtuelle. Elle a présenté les faits saillants des récents travaux de l’AMC et, en particulier, les efforts déployés pour mieux écouter les membres et l’ensemble de la communauté des musées. Elle a parlé des mesures prises par l’AMC pour donner suite à ce qu’elle entend, par exemple renforcer la capacité, améliorer les opérations et développer davantage les services. Elle a également souligné l’approche de l’AMC pour l’avenir, qui implique davantage de partenariats et des efforts de sensibilisation accrus afin d’aider le secteur.

Allocution du président

En qualité de conférencier d’honneur, le professeur Jack Lohman, C.B.E., et président du conseil d’administration de l’AMC, a ensuite présenté un exposé émouvant dans lequel il a parlé non seulement des répercussions de la COVID-19, mais aussi des mesures prises par les musées pour aider le secteur des soins de santé et les travailleurs essentiels. La pandémie ayant révélé certaines faiblesses, il a suggéré que la situation nous donne l’occasion de réfléchir et d’envisager une réorientation qui établit une voie vers l’avenir. Enfin, il a proposé que le secteur emprunte le chemin qui lui offre davantage de solidarité, de connectivité et de responsabilité.

« Pensons au-delà de l’ombre de la pandémie, vers le monde que nous voulons bâtir ensemble. » — Professeur Jack Lohman, C.B.E.

Table ronde pancanadienne avec le ministre du Patrimoine

À la suite du discours principal de M. Lohman, le ministre Guilbeault a prononcé une allocution pour notre secteur. Il a exprimé ses préoccupations quant aux défis particuliers auxquels font face les musées, a fait le point sur l’assistance gouvernementale pendant la pandémie et a souligné que l’aide aux musées était en route.

« Je suis à vos côtés, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous en sortir encore plus fort qu’auparavant », a déclaré le ministre Guilbeault.

À la suite de son allocution, le ministre est resté en ligne pour participer à une table ronde pancanadienne avec l’AMC et les directeurs généraux des Associations de musées provinciales et territoriales. Les questions portaient sur deux thèmes : la lutte contre la pandémie et la politique nationale sur les musées.

Lorsqu’on lui a posé des questions au sujet du soutien offert aux musées en cas de pandémie, le ministre Guilbeault a parlé des larges mesures de financement annoncées à ce moment. Il a mentionné l’appui supplémentaire propre au secteur qui suivrait et a souligné que les plans du ministère du Patrimoine canadien visent, entre-temps, à être le plus souples possible à l’égard des programmes en place comme le Programme d’aide aux musées (PAM) et le programme Jeunesse Canada au travail (JCT).

Une grande partie de la conversation a porté sur la nécessité d’avoir une nouvelle politique nationale sur les musées, car les Associations et l’AMC ont insisté sur l’importance de ce point. Le ministre n’a pas contesté ce besoin, mais cela dit, il a indiqué qu’il faudra attendre pour une nouvelle politique compte tenu de la situation immédiate. Il a souligné que le moment venu, le gouvernement travaillerait en collaboration étroite avec la communauté muséale. « J’aimerais développer conjointement cette politique », a-t-il déclaré.

Le ministre Guilbeault a également signalé que, même si l’intention était d’avoir un processus de consultation, l’idéal serait que l’approche ne soit pas trop exhaustive ou trop longue, afin qu’elle puisse être adoptée par le gouvernement minoritaire actuel, comme prescrit. Il souligne également qu’une nouvelle politique présenterait du financement. Selon lui : « Il est inutile de réviser la politique nationale sur les musées si nous ne donnons pas les ressources appropriées au secteur muséal. »

« Cette crise nous enseigne de nombreuses leçons, mais l’une d’elles est l’importance du secteur des arts et de la culture », a souligné le ministre, faisant référence aux services en lignes offerts par les musées tout au long de la crise. Il a souligné l’importance d’assurer un meilleur accès à l’information possible et le fait que les améliorations de la numérisation devraient faire partie de l’équation. « Une politique utile au XXIe siècle implique la numérisation, a déclaré le ministre Guilbeault. “Je ne crois pas que nous avons été présents pour vous aider à vous adapter à cette nouvelle réalité.”

La table ronde n’a pas engendré d’engagements précis quant au montant du financement urgent lié à la pandémie qu’obtiendraient les musées, le moment où ils le recevraient (le soutien propre au secteur n’a pas été annoncé) ou le moment où une nouvelle politique muséale sera élaborée et à quoi elle ressemblera. Cela dit, la séance a donné au public le sentiment qu’une aide et un changement étaient à venir et que les musées joueraient un rôle central dans l’élaboration de leur destinée.

Discussion de groupe avec les milieux culturels et patrimoniaux

La discussion en table ronde avec le ministre a fait place à un groupe virtuel, composé de représentants d’un certain nombre d’organisations culturelles et patrimoniales : l’Alliance des musées d’histoire naturelle du Canada (AMHN), l’Association canadienne des centres scientifiques (ACCS), l’Association des zoos et aquariums du Canada (AZAC), la Fiducie nationale du Canada, l’AMC, ainsi que le zoo de Toronto et  Exploration Place.

La conversation animée a porté sur trois grands thèmes : la crise financière liée à la pandémie, la numérisation et l’avenir de notre secteur.

Jim Facette, de la AZAC, et Natalie Bull, de la Fiducie nationale, ont tous deux parlé des besoins et des défis financiers du secteur dans son ensemble — un secteur qui repose largement sur le travail des bénévoles. Ils ont souligné certaines des répercussions de la pandémie sur, par exemple, les zoos, les aquariums et les sites patrimoniaux. Ils ont insisté sur le besoin d’assurer l’admissibilité et l’accès aux mesures de soutien et ont laissé entendre que les retombées de la pandémie pourraient exacerber et aggraver les problèmes actuels.

En ce qui concerne la numérisation, Mariane Mader de l’ACCS a parlé de l’énorme engagement dont fait preuve le secteur et du caractère prioritaire de sa mission, même pendant la crise. Par exemple, les offres numériques ont aidé à “aplatir la courbe” en communiquant des informations scientifiques, en appuyant le système d’éducation classique et en mobilisant des familles entières. Elle a toutefois souligné que la situation n’est pas viable et qu’il est impératif d’appuyer financièrement les efforts numériques du secteur.

En parallèle avec ce que le ministre a proposé dans la discussion précédente, Tracy Calogheros, de The Exploration Place, a suggéré que l’augmentation de la mobilisation en ligne reflétait la confiance et l’appréciation des gens à l’égard du secteur, car les Canadiens nous invitent chez eux. Mme Calogheros poursuit sa justification pour l’appui numérique en déclarant “Nous voyons la valeur de notre secteur et les Canadiens nous emboitent le pas avec enthousiasme. Ils continueront de se tourner vers nous de cette façon à l’avenir”.

Elizabeth McCrea, de l’AMHN, et Dolf DeJong, du Zoo de Toronto, ont tous deux bâti sur l’idée de la valeur et des contributions du secteur. Mme McCrea a souligné le travail important des musées en ce qui concerne la préservation de la nature pour les générations futures, et l’importance de ne pas oublier ce travail, particulièrement à mesure que nous nous efforçons de trouver des solutions fondées sur des données probantes. Pour sa part, M. DeJong a parlé de l’importance du point de vue de ces organisations pour renforcer le savoir public et accroître la culture scientifique. “Jamais les penseurs critiques n’ont été aussi nécessaires que maintenant”, a-t-il dit. Il a également suggéré que la pandémie a accru l’intérêt du public envers la conservation du monde naturel.

Mme Bull a réfléchi au fait que, pendant la pandémie, un nombre impressionnant de gens au sein du secteur ont offert leur collaboration. Citons, par exemple, la discussion de groupe créée par l’AMC. “Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise”, at-elle suggéré en citant Winston Churchill. “Nous devons profiter de cette occasion pour travailler ensemble et nous attaquer à la fragmentation qui, historiquement, sévit au sein de notre secteur.”

Tous les panélistes ont convenu que la crise et ses répercussions étaient immédiates et aiguës et que le secteur avait besoin d’aide pour continuer à jouer son rôle si essentiel dans la société. Sur une note plus optimiste, le groupe a toutefois convenu que la pandémie constitue également une excellente occasion d’apprendre, de mieux gérer d’autres problèmes qui surviendront inévitablement dans un monde post-pandémique et de s’accorder sur des initiatives là où il existe un intérêt commun, à court terme et en tant qu’approche pour l’avenir. D’après M. DeJong, “nous partageons beaucoup plus que des différences”.

L’AMC était tout à fait d’accord. Peu après la discussion, le groupe, rejoint par le Conseil canadien du jardin, a envoyé une lettre conjointe au ministre Guilbeault. Cette lettre souligne les enjeux du secteur dans son ensemble et signale son désir et son intention de travailler non seulement en collaboration avec le gouvernement, mais de trouver ensemble des solutions pour l’avenir.

L’enregistrement intégral de la conférence Les musées ensemble est offert sur la chaîne YouTube officielle de l’AMC. L’AMC remercie tous les participants pour leurs contributions.

Veuillez noter que les commentaires ci-dessus se rapportent à un événement qui a eu lieu en avril et pourraient ne plus être exacts au moment de la publication.