Broderie perlée du peuple haudenosaunee de la collection du Seneca Iroquois National Museum au Centre culturel Onöhsagwë:de’. Photo — Heather George

« Exposition de Toronto », broderie perlée du peuple haudenosaunee

Le 3 octobre 1898, 44 femmes de Kahnawake ont écrit au Congrès américain pour lui rappeler le droit du peuple haudenosaunee de traverser la frontière internationale qui scindait leurs territoires de chasse et leurs terres natales à la suite du traité de Paris de 1763.

« Aux membres du Congrès des États-Unis d’Amérique, salutations. Nous, les femmes de la tribu des Iroquois du village de Caughnawaga, dont le gagne-pain est la fabrication de broderies perlées et d’articles d’artisanat autochtones, vous supplions, honorables membres du Congrès… d’user de votre influence pour rétablir les privilèges dont nous jouissions jusqu’à présent en traversant et en repassant la ligne de démarcation en franchise de droits, car nous constatons que nous sommes appauvries en raison du tarif imposé sur les articles que nous fabriquons. Nous vous prions, Messieurs, de vous rappeler le traité conclu entre nos ancêtres et votre gouvernement, formulé de manière à ce qu’il n’y ait pas de frontière pour les Autochtones. »

Les deux photos : Broderie perlée du peuple haudenosaunee de la collection du Seneca Iroquois National Museum au Centre culturel Onöhsagwë:de’. Photos — Heather George

 

Les broderies perlées du peuple haudenosaunee ont été décrites comme des « objets de fantaisie », considérées comme étant de simples articles de mode fabriqués par les femmes autochtones pour les femmes des colons. Comme nous le rappellent les Dres Jolene Rickard et Sherry Farelle-Racette, il existe des façons beaucoup plus pertinentes d’envisager ces pièces. Les artistes talentueuses qui ont créé ces pièces ont exprimé la continuité culturelle, les droits issus de traités et l’indépendance économique par le biais de leur pratique. Les artisans perliers haudenosaunee se sont établis dans les principaux sites touristiques, comme les chutes du Niagara, la foire de l’État de New York et l’exposition de Toronto, traversant la frontière internationale imposée pour vendre leurs œuvres d’art.

Je suis allée voir ces pièces au centre culturel Onëhsagwë:de sur le territoire Seneca et je les ai choisies pour les présenter dans la revue de l’AMC comme un petit rappel des complexités créées par les systèmes coloniaux imposés et un bel exemple d’une des nombreuses façons dont les peuples autochtones continuent de résister à ces systèmes. M

Heather George est une conservatrice d’ascendance eurocanadienne et kanien’kehá:ka. Ses recherches actuelles portent sur les fondements historiques et philosophiques de la pratique muséale haudenosaunee. Elle siège au conseil d’administration de l’Association des musées canadiens.

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