Mise à jour sur la réconciliation

Rebecca MacKenzie

Parlons un peu de la gestion de nos programmes pluriannuels. Parlons aussi de la décolonisation de notre organisation et de notre engagement envers un travail basé sur la réconciliation, le tout dans un contexte de changement de leadership, de pandémie mondiale et du regain tardif de l’attention portée aux questions autochtones par le grand public canadien.

Cela fait à peine un peu plus de trois ans que je suis à l’AMC. Au cours de cette période, j’ai travaillé avec trois superviseurs immédiats différents, et j’ai dû m’adapter aux styles de leadership de quatre directeurs. Le programme de réconciliation de l’AMC a suivi un parcours semblable, naviguant entre les changements de leadership, les influences personnelles et les facteurs externes qui ont contribué à définir notre situation actuelle.

Des personnes courageuses et talentueuses sont venues diriger le programme de réconciliation, puis sont reparties pour diverses raisons, dont certaines, et non des moindres, étaient liées à la tension qui se crée quand on cherche à faire un travail de décolonisation dans une organisation dont le leadership n’est pas autochtone. Par ailleurs, les orientations du programme ont connu des difficultés similaires, puisque les membres du Conseil de réconciliation, responsables de définir ces orientations, ont eu du mal à accéder à l’information et n’ont pas eu assez de temps pour faire entendre leurs préoccupations et les faire apprécier.

Musée améridien
de Mashteuiatsh

 

Cela ne signifie pas que la direction de l’AMC n’a pas été efficace ou n’a pas bien servi l’organisation. Il s’agit plutôt d’un avertissement : les projets élaborés sans supervision de la communauté et sans transparence ne peuvent qu’être nuisibles, parce qu’ils sont élaborés en opposition directe à la bonne façon de faire les choses. Ils ignorent ainsi les enseignements autochtones qui privilégient la discussion et la décision en communauté, et n’accordent pas la priorité au point de vue du plus grand nombre et au consensus de groupe.

Après que l’AMC a perdu la totalité de son équipe de direction, au printemps 2021, il a fallu près de six mois à l’organisation pour réorganiser ses budgets, reprendre son souffle et retrouver une vision collective.

Wanuskewin
Heritage Park

 

Nous sommes enfin de nouveau en action, particulièrement en ce qui concerne le programme de réconciliation : en effet, ce dernier est à présent entre les mains compétentes de sa nouvelle gestionnaire, Stephanie Danyluk. Mais après une longue interruption, même si nous sommes confiants de retrouver la cohérence, le soutien et l’ambition dont le programme a besoin, il est impossible de rattraper le temps perdu.

Pour donner suite à une recommandation du Conseil de réconciliation, une prolongation du projet a été approuvée par notre bailleur de fonds, le ministère du Patrimoine canadien. Le nouveau calendrier demeure toutefois ambitieux, puisque cette phase du programme doit être achevée d’ici l’automne 2022.

Nous apprécions le soutien et la patience dont les membres du Conseil de réconciliation ont fait preuve au cours des trois dernières années, qui ont été marquées par de nombreux faux départs. Ensemble, nous avons su retrouver une communauté solidaire et dynamisée, prête à poursuivre son travail.

Haida Gwaii
Museum

 

Alors, qu’allons-nous vous proposer après cette longue attente? Tout simplement ce qui nous a été demandé par l’appel à l’action no 67, c’est-à-dire « un examen national des politiques et des pratiques exemplaires des musées, et ce, dans le but de déterminer le degré de conformité avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) et de formuler des recommandations connexes ».

Nous allons également créer une boîte à outils pour fournir une base de référence nationale en soutien aux musées, aux travailleurs des musées (autochtones ou non) et aux communautés autochtones, ce qui leur permettra d’aller de l’avant dans ce travail de collaboration avec moins d’anxiété et plus de compréhension envers les communautés.

Nous avons la chance de pouvoir compter sur le travail effectué par Barbara Filion, ancienne directrice du programme, et par SM Leduc, ancienne muséologue spécialisée en réconciliation. Nous espérons que le produit final auquel nous parviendrons fera honneur à leurs visions respectives.

Catherine Bell a également fait un travail important pour contextualiser et soutenir les rôles convergents de la DNUDPA et des musées, et nous la remercions grandement pour son expertise juridique et ses conseils continus en lien avec le programme.

Metis
Crossing

 

Plus largement, nous entretenons aussi des relations saines et positives avec les associations muséales provinciales et territoriales, dont certaines sont déjà à pied d’œuvre, fournissant des ressources aux musées pour qu’ils s’engagent dans des initiatives de réconciliation et de décolonisation. Nous gardons également un œil sur les développements dans le secteur du patrimoine au sens large, mettant notre soutien et nos ressources en appui à des initiatives entièrement dirigées par des Autochtones.

Appel à contributions

Les mois à venir apporteront beaucoup de travail au personnel et aux membres du conseil de l’AMC, alors que nous augmentons la fréquence de nos réunions et que, nous appuyant sur nos séances de mobilisation précédentes, nous amorcerons des discussions avec plus de 20 musées et communautés autochtones. Vous pourrez également apporter votre contribution. En effet, alors que nous parvenons aux dernières étapes de la collecte d’informations, nous ne sommes tout simplement pas en mesure d’organiser des séances de consultation avec toutes les personnes impliquées dans cet important travail. Nous ne souhaitons pas non plus imposer un fardeau supplémentaire aux peuples autochtones déjà impliqués.

Membertou
Heritage Park

 

Afin d’éviter le dédoublement des travaux déjà en cours avec les communautés autochtones, nous sollicitons des contributions sur les commentaires et l’identification des problèmes clés, ainsi que des recommandations quant à l’inclusion et la représentation des communautés autochtones dans les musées et les centres culturels.

Ces contributions peuvent prendre la forme de rapports écrits préparés par vos organisations sur le travail que vous faites pour promouvoir la réconciliation au sein des espaces muséaux ou pour y contribuer. Il pourrait s’agir notamment de recommander des études de cas présentant des exemples de réconciliation en action, ce qui constituerait un complément à nos rapports et servirait à orienter les recommandations que nous proposons. Nous encourageons les musées de toutes tailles à nous contacter pour partager leurs connaissances et leur expérience.

Plus précisément, l’AMC sollicite vos contributions sur les sujets suivants :

  • Espaces accueillants et sécuritaires sur le plan culturel
  • Biens et collections : rapatriement, accès et soins
  • Représentation axée sur les Autochtones
  • Relations entre Autochtones et Canadiens
  • Perspectives, implication et soutien de la communauté
  • Emploi et leadership : stratégies et opportunités
  • Politiques des musées

La date limite de réception des contributions est le 31 avril 2022. L’AMC demande que les contributions se limitent à 3000 mots et qu’elles se positionnent par rapport aux sujets de discussion mentionnés ci-dessus ou qu’elles incluent d’autres informations pertinentes aux travaux liés au mandat du programme. Veuillez transmettre vos documents en format Word ou PDF, ou vos demandes d’informations supplémentaires à notre responsable de la réconciliation, Stephanie Danyluk, à sdanyluk@musees.ca. M

Publicité