Exemples de réussite de Jeunesse Canada au travail : Projets numériques réalisés pendant la COVID-19

Louise Pitre

À l’approche de l’année de financement 2020-2021 de Jeunesse Canada au travail (JCT), la pandémie a mené les professionnels des musées et les agents du programme JCT à se demander si nous serions en mesure de poursuivre les plans de recrutement financés par JCT. Les visites en personne étant restreintes ou complètement interdites, je craignais que le bassin de candidats pour JCT ne voie ses possibilités réduites et que les musées ne disposent pas du soutien opérationnel dont ils ont besoin. Maintenant que l’année de financement est terminée et que les documents ont été déposés, nous savons qu’environ 24 postes de JCT pour une carrière vouée au patrimoine (JCTCVP), également appelés stages pour diplômés, ont été annulés en raison de la pandémie.

Cependant, aussi frappant que soit ce chiffre, dans l’ensemble, mon inquiétude n’était pas fondée. Seul un faible pourcentage du nombre total de postes a été annulé en raison des restrictions liées à la pandémie. De nombreux musées, en particulier ceux qui recevaient un financement par l’intermédiaire de JCTCVP, également appelé le volet des stages, ont pu s’adapter et mettre en place des pratiques novatrices qui leur ont permis de transformer leurs postes en les occupant virtuellement et, dans de nombreux cas, en créant des projets qui profiteraient aux musées et à leur public dans les années à venir.

Pour sa part, le gouvernement du Canada a augmenté le financement par poste du programme Jeunesse Canada au travail, le faisant passer de 75 % à 85 % des coûts salariaux, et a assoupli certaines restrictions du programme, notamment en autorisant la participation répétée et en supprimant l’obligation d’avoir obtenu un diplôme au cours des 24 mois précédents. Ces mesures aideraient les musées à tirer parti de cette possibilité de financement fédéral. Toutefois, il revenait aux professionnels des musées de faire preuve de créativité et de trouver les bons candidats et de nouvelles méthodes de travail et de supervision.

Ayda Loewen-Clarke debout sur le porche du Dalnavert Museum. Photo — Katelyn McIntyre

Au Dalvanert Museum, une stagiaire du JCTCVP, Ayda Loewen-Clarke, a mis sur pied un projet dans lequel les participants étaient invités à s’imaginer en tant que conservateurs dans leur propre maison. Les visiteurs du site web du musée étaient invités à choisir un objet significatif dans leur maison pour le présenter numériquement dans l’exposition « Stories from Home » du musée. Grâce à un financement supplémentaire fourni par « En sécurité à la maison Manitoba », un projet de financement provincial, le Dalnavert a tiré parti de son statut de maison historique et a fait référence à sa collection d’objets quotidiens utilisés à l’époque victorienne. À son tour, le musée a demandé aux participants de penser comme un conservateur dans leur propre maison, de sélectionner un objet et d’expliquer pourquoi il est significatif pour eux ou le serait pour un futur visiteur qui le verrait dans un contexte muséal.

La galerie des objets soumis et leurs descriptions, telles que soumises par le public, sont toujours en ligne sur le site web du Dalnavert Museum. Parmi les objets proposés, on trouve un sac blanc de farine Robin Hood accompagné d’un texte expliquant qu’en raison de la forte demande de produits de boulangerie pendant la pandémie, la marque a épuisé ses sacs jaunes et a dû vendre sa farine dans des sacs blancs. Cet objet montre à quel point la pâtisserie est devenue populaire pendant les périodes de confinement et comment tout le monde, y compris les fabricants, s’est adapté rapidement aux circonstances de la pandémie. Une autre proposition intéressante était une photo de boîtes en origami fabriquées par une femme médecin pour la calmer pendant les moments de stress provoqués par la pandémie. Le projet a donné aux participants un moyen de participer de manière significative à la collection principale du musée et leur a permis de réfléchir à ce que la pandémie signifiait pour eux.

Le stage a également permis de numériser des activités existantes du musée. Grâce à son poste de stagiaire en programmation créative et en médias numériques, Ayda a aidé le musée à accroître son accessibilité virtuelle lorsque l’accès physique est devenu strictement limité. Elle a adapté les programmes scolaires existants du Dalnavert Museum afin qu’ils puissent être proposés en ligne, a affiné le site web pour mettre en évidence les offres virtuelles et a contribué à des articles de blogue portant sur la culture victorienne. Ayda a également pu collaborer à d’autres activités numériques du musée qui sont presque devenues pratiques courantes, notamment une visite virtuelle, le balado Literature Out Loud (La litérature à haute voix), ainsi qu’une série de conférences portant sur une ancienne figure locale du quartier, Elizabeth Alloway.

Dans un autre exemple, le Museum of North Vancouver (MONOVA) a pu embaucher une stagiaire en théâtre muséal, Chantal Gallant, grâce au financement de JCTCVP. Une grande partie de son rôle consistait à mettre à jour et à mettre en scène une pièce de théâtre incorporant un des artefacts les plus précieux du musée, le Tramway 153, qui a parcouru les rues de Vancouver-Nord de 1912 jusqu’à sa mise hors service en 1946. Au cours des dernières années, il a été soigneusement restauré pour retrouver sa splendeur du début du XXe siècle.

Le programme de théâtre du musée a été décrit comme « le cœur de l’expérience du visiteur », mais en raison des fermetures dues à la pandémie de 2020 et des retards conséquents dans l’ouverture du nouveau bâtiment du MONOVA, les visiteurs n’ont pas pu profiter de ces représentations en personne. Le stage de Mme Gallant portait sur la transition de cette pièce de théâtre, judicieusement intitulée «  Riding with Change: Streetcar Stories on the North Shore », d’une représentation en personne à une représentation virtuelle. Tout comme les compagnies de théâtre et de ballet professionnelles ont dû s’adapter aux représentations virtuelles, l’interprétation théâtrale dans les musées s’est également adaptée.

Above: Streetcar No. 153 at foot of Lonsdale Ave.
Photo —Charles Smallwood

Left: Chantal Gallant, MONOVA’s YCW-BCH Museum Theatre Intern for 2020-2021, stands in costume for a performance of Riding with Change: Streetcar Stories on the North Shore.
Photo — Alison Boulier.

Chantal a écrit un billet de blogue sur cette expérience, notant que, « si quelqu’un m’avait dit il y a un an que je jouerais devant mon écran d’ordinateur dans ma chambre au sous-sol, j’aurais probablement pensé que c’était complètement farfelu. J’aurais dit : “Ce n’est pas du théâtre”. » Parmi tous les problèmes logistiques liés à la présentation d’une pièce avec changements de costumes dans sa propre chambre, d’autres questions pressantes ont émergé. Les gens pourraient-ils interagir avec le matériel de la même manière? Comment maintenez-vous une connexion interpersonnelle dans une prestation virtuelle? Les gens étaient-ils victimes d’épuisement virtuel? Même si la pandémie était déjà bien avancée lorsque Chantal a commencé son stage à l’automne 2020, on pouvait encore espérer présenter une combinaison de spectacles en direct et virtuels. Chantal explique le bon côté de ce défi en précisant « Ce stage m’a poussée à m’adapter en tant qu’artiste et à expérimenter des choses que je n’aurais jamais essayées avant la pandémie ». Ces défis liés à la pandémie ont conduit à des « moments d’innovation ».

Des stagiaires et des étudiants de Jeunesse Canada au travail de partout au Canada ont participé à des projets de création de visites virtuelles, d’activités pour le congé du printemps à la maison, de matériel pédagogique pour les élèves du primaire et du secondaire, de programmes en ligne pour tous les âges, dont des casse-tête (Art Gallery of Guelph), des chasses au trésor et des tables rondes, pour n’en nommer que quelques-uns. Beaucoup ont également travaillé à la numérisation des collections pour les rendre plus accessibles à ceux qui ne peuvent pas les visiter en personne. Parmi les autres exemples, notons Alec Wolff, stagiaire aux archives JCTCVP 2020-2021 de l’Oliver Museum, qui a participé à un projet de numérisation des journaux locaux. La stagiaire JCTCVP Amelia Taylor, gestionnaire du projet numérique du Réseau des musées d’Ottawa, s’est concentrée sur l’amélioration de la littératie numérique de ses 11 musées membres. Son objectif était d’aider ces musées à améliorer la qualité de leur contenu numérique et leur engagement. Ses deux principales tâches consistaient à aider à l’établissement d’une bibliothèque d’outils numériques partagés ainsi qu’à l’élaboration d’une stratégie numérique.

Si, au départ, on craignait que les musées aient du mal à s’adapter aux exigences de la pandémie, cette crainte n’était pas fondée. Les musées ont été en mesure de faire plus que « s’adapter ». Ils ont pris les devants et offert une programmation attrayante qui a aidé le public à se sentir connecté à son passé, à son présent et à son avenir, à se sentir plus engagé et connecté au monde. La pandémie a permis de montrer à quel point l’engagement numérique est précieux pour l’avenir des musées et comment les temps difficiles peuvent déboucher sur des innovations bénéfiques. M

Louise Pitre est agente de programme pour Jeunesse Canada au travail dans le cadre du programme Bâtir des carrières dans le patrimoine et agente de liaison des communications JCT avec l’Association des musées canadiens.

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