Sous les projecteurs

La gouverneure générale Mary Simon accorde le patronage vice-royal au Musée canadien du canot

Sur fond de hausse du coût de la vie, le financement des musées suscite des critiques

Hausse du financement octroyé à la Société historique de Yellowknife

Poste de traite historique des Premières Nations, site funéraire autochtone désigné comme patrimoine provincial

Les musées et les galeries d’art, défenseurs de la réforme de la Loi sur le droit d’auteur au Canada

La gouverneure générale Mary Simon accorde le patronage vice-royal au Musée canadien du canot

La façade du Musée canadien du canot à Peterborough (Ont.). Photo — Musée canadien du canot.

La gouverneure générale Mary Simon a accordé le patronage vice-royal au Musée canadien du canot de Peterborough, en Ontario. Pour être placés sous le patronage vice-royal, les organismes doivent avoir une envergure nationale, être gouvernés et gérés de façon responsable et durable et avoir des objectifs cadrant avec le rôle et les responsabilités de la gouverneure générale. Depuis son assermentation au mois de juillet 2021, Mary Simon, première gouverneure générale autochtone du Canada, a exprimé sa volonté de mettre la réconciliation de l’avant, une priorité que partage le musée. « Nous sommes profondément honorés d’accueillir Son Excellence la très honorable Mary Simon, gouverneure générale du Canada, à titre de patronne vice-royale. Cette reconnaissance nationale d’une contribution exceptionnelle au Canada par l’ampleur, l’envergure de la collection du musée et la portée de notre travail, en particulier nos relations collaboratives avec les communautés autochtones, est à la fois passionnante et inspirante, en particulier au moment où nous entamons notre portage vers notre nouvelle installation au bord de l’eau », a déclaré la directrice générale Carolyn Hyslop au magazine Muse. Le musée possède la plus grande collection de canots et de kayaks au monde, et une nouvelle installation est actuellement en construction au bord de l’eau. Elle ouvrira ses portes à l’été 2023 et les visites seront offertes en trois langues, soit en anglais, en français et en Anishnaabemowin.


Sur fond de hausse du coût de la vie, le financement des musées suscite des critiques

Alors que les Canadiens ressentent actuellement le poids de l’augmentation du coût de la vie, les allocations de fonds fédérales et provinciales sont davantage scrutées à la loupe. Parmi ces allocations, celles destinées aux travaux de reconstruction de certains musées ont suscité la controverse.

Au mois de juillet 2022, le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a annoncé que le projet de construction du nouveau Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse était mis en suspens. Le coût du projet était évalué à environ 137 millions de dollars, mais une récente estimation indépendante prévoyait une augmentation des coûts d’au moins 25 millions de dollars. « Ce n’est pas le bon moment », a déclaré le premier ministre Tim Houston.

Et ce n’est pas le premier cas de ce genre. En mai, le musée royal de la Colombie-Britannique (RBCM) avait obtenu une subvention provinciale de 789 millions de dollars pour construire de nouveaux bâtimentx. De ce montant, 230 millions de dollars devaient absorber les coûts liés à l’inflation d’ici 2030, année où le projet devait être achevé. Deux mois plus tard, le premier ministre de la Colombie-Britannique John Horgan a tout arrêté. « Dans un contexte où les Britanno-Colombiens connaissaient d’autres difficultés, ma décision n’était pas la bonne », a-t-il déclaré.

Les deux projets ont vivement été dénoncés, la même raison étant invoquée : l’augmentation du coût de la vie. Le conseiller en chef de la Première Nation Tseshat, Ken Watts, a qualifié le financement du RBCM de « faux pas » et a ajouté que les Premières Nations n’avaient guère été consultées. Selon un sondage mené par l’Institut Angus Reid, 69 % des Britanno-Colombiens s’opposent au projet; le chef Ken Watts a mentionné que la Nation Tseshaht se fait l’écho de ce constat. La chef du NPD de la Nouvelle-Écosse, Claudia Chender, a déclaré : « Nous sommes conscients de la crise actuelle liée au coût de la vie » et dans ce contexte, le financement du Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse « pourrait être difficile à digérer ».


Hausse du financement octroyé à la Société historique de Yellowknife

En août dernier, Daniel Vandal, ministre des Affaires du Nord, ministre responsable de Développement économique Canada pour les Prairies (PrairiesCan) et ministre responsable de l’Agence canadienne de développement économique du Nord (CanNor), a annoncé un investissement supplémentaire de 1,2 million de dollars alloué à la Société historique de Yellowknife. Ce financement, qui vise à appuyer le développement continu du musée communautaire et du centre d’interprétation de la Société, est offert par Patrimoine canadien et CanNor dans le cadre du programme Inclusion diversifiée et évolution économique dans le Nord (IDEENord). La planification, le développement et la construction du nouveau musée axé sur la communauté sont en cours depuis plus de dix ans; le toit, les fondations et l’extérieur du bâtiment ont fait l’objet d’importants travaux de rénovation. Depuis 2019, l’accent a été mis sur la finalisation de l’intérieur; ce nouvel investissement permettra de réaliser les améliorations en matière d’infrastructure d’accessibilité, le développement et l’installation de présentoirs et de luminaires, ainsi que la mise à niveau des équipements mécaniques et électriques. La Société prévoit ouvrir les portes de cette nouvelle installation en 2023.


Poste de traite historique des Premières Nations, site funéraire autochtone désigné comme patrimoine provincial

Le poste historique de traite de fourrures Lower Hudson House a été classé site patrimonial par le gouvernement de la Saskatchewan. Ce poste créé par la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1779, bien qu’exploité pendant moins d’une décennie, a été le point de passage d’environ la moitié du commerce de la fourrure de l’Ouest. Selon les registres tenus par la compagnie, les Assiniboines, les Cris et les Dakotas étaient les principaux partenaires commerciaux. Avant d’être fermé en 1787, ce poste a été le théâtre d’une épidémie de variole en 1781-1782. Les 24 victimes ont d’ailleurs été enterrées dans le secteur. Quatre ans plus tard, le poste a été incendié par des commerçants rivaux. Sa mise en candidature pour désignation patrimoniale a été effectuée par Philip Parr et Peter Burns du Comité directeur pour la commémoration de la Lower Hudson House, établi à Prince Albert. « Nous estimons que la désignation de la Lower Hudson House comme site patrimonial provincial permettra aux gens de découvrir l’histoire et la tragédie de l’épidémie de variole de 1781-1782 qui a touché les populations autochtones de la région il y a 240 ans, changeant ainsi le cours de l’histoire de notre province, ont déclaré M. Parr et M. Burns dans un communiqué de presse du gouvernement. Beaucoup d’histoires intéressantes méritent d’être racontées sur cette période fascinante de notre passé. »


Les musées et les galeries d’art, défenseurs de la réforme de la Loi sur le droit d’auteur au Canada

(De gauche à droite) La directrice générale du CARFAC, April Britski, l’honorable Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien, et la directrice générale du Regroupement des Artistes en Arts Visuels (RAAV), Maryse Beaulieu, lors d’une présentation sur le droit de suite des artistes au Parlement en 2018.

Le stéréotype de l’« artiste affamé » n’est pas étranger au Le stéréotype de l’« artiste affamé » n’échappe pas à la législation, du moins dans le contexte canadien. Une fois que les artistes ont vendu une œuvre au Canada, ils ne sont pas en droit de réclamer une partie des bénéfices réalisés par les revendeurs sur la revente de leur propre œuvre. Les défenseurs d’une réforme juridique concernant cette situation réclament le droit de suite, une redevance qui permet aux artistes de percevoir une partie des profits réalisés sur leurs œuvres sur le marché secondaire.

Parmi ces défenseurs, on peut citer le Front des artistes canadiens (CARFAC). La directrice générale du CARFAC, April Britski, souligne que plus de 90 pays dans le monde sont protégés par le droit de suite. « L’art prend souvent de la valeur avec le temps, et les artistes canadiens n’ont actuellement aucun droit légal de percevoir un revenu de cette croissance. L’ajout du droit de suite à la Loi sur le droit d’auteur peut contribuer à corriger ce déséquilibre et rendre un choix de carrière dans le domaine des arts plus intéressant. »

Les communautés autochtones sont touchées de façon disproportionnée par l’absence du droit de suite, car bon nombre d’entre elles comptent sur les ventes d’objets d’art comme source de revenus. « Les artistes autochtones sont souvent exploités sur le marché secondaire. Il est fréquent qu’une œuvre soit achetée directement à l’artiste à bas prix et revendue par la suite à une valeur beaucoup plus élevée », ajoute April Britski.

Une étape importante dans les efforts de défense des droits a été franchie récemment, en décembre 2021, lorsque le gouvernement libéral a publié une lettre de mandat dans laquelle une directive visait à modifier la Loi sur le droit d’auteur au Canada afin d’autoriser le droit de suite. « La CARFAC demande que les artistes perçoivent 5 % de la somme d’une œuvre revendue pour un montant minimal de 1 000 $ », précise Mme Britski.

La lutte pour le droit de suite persiste néanmoins. Dans le contexte des efforts déployés par les musées et les galeries d’art pour mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) afin de devenir des pôles de soutien aux collectivités, Mme Britski leur recommande d’« écrire des lettres d’appui aux députés. De nombreux artistes exposés dans les musées canadiens [et les galeries d’art] sont reconnus sur le marché secondaire et bénéficieraient à ce titre du droit de suite. Sans ces artistes, il n’y aurait pas d’art. »

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